HISTOIRE DES OULED NHAR
La tribu d’ OULED NEHAR est l’une des tribus arabes descendante de l’Imam IDRIS fils d’IDRIS fils d’ABDELLAH ELKAMEL fils d’ELHASSAN fils d’ELMOUTHANNA fils d’ELHASSAN ELSABBAT fils d’ALI BNOU ABI TALEB et de FATIMA EL ZAHRAA fille du prophète MOHAMED que le salut soit sur lui.
Quand ELMANSOUR ELABBASSI fut tué, la succession est remise à ELHADI . A cet époque OMAR fils d’ ABDELAZIZ fils d’ABDELLAH fils d’ OMAR a tellement trahi les ALAOUITES qu’ils cessèrent de se soumettre à son autorité . Une dissidence apparut sous le leader ELHASSAN fils d’ALI fils d’EL-HASSAN fils d’ALI BNOU ABI TALEB en l’an 169 de l’hégire où il a été reconnu d’allégeance à Médine pour la succession( El- khilafa) . 11 jours après, EL-HASSAN se dirigea vers la mècque et rencontra l’armée d’EL-ABBASSID sous l’autorité de SELMANE fils d’ EL-MANSOUR qui a terrassé les ALAOUITES . Dans cette bataille, IDRIS oncle d’EL-HASSAN prit la fuite parmi les quelques survivants de BANI EL-HASSA . IDRIS s’expatria à cause de sa poursuite par les ABBASSIDES . Ainsi il s’est déguisé en serviteur de son volet RACHED, un homme judicieux, courageux et de bonne foi. Tous les deux ont pris l’évasion furtive vers l’Egypte puis vers l’Afrique du nord où ils se délassèrent à Agadir pour rejoindre Tanger. Là, IDRIS n’a pas pu réaliser son vouloir cependant il se dirigea avec son serviteur RACHED vers Wilili située à Zarhoun où il a été recueilli et exalté par le prince ISHAK fils d’ABDELLAH souverain d’ Ourouba durant six mois. Pendant son séjour, IDRIS a répandu sa vocation dans les milieux des tribus d’ Ourouba, Mghil, Saddania et d’autres tribus de Zenata. Ces tribus l’ont reconnu d’allégeance et de souverain. Et ainsi il constitua une armée avec laquelle il put conquérir la ville d’Agadir en 788 de l’ère chrétien. MOHAMED fils de KHAZR n’a pas voulu contenir IDRIS à la simple raison que IDRIS est lignée du prophète MOHAMED que le salut soit sur lui.
D’autre part RACHID ELABBASSID craignait la rupture de la succession de Bagdad au Maghreb et décida de préméditer IDRIS en l’empoisonnant dans sa propre souveraineté.
Le crime a été accompli et IDRIS fut enterré à Wilili en 177 de l’hégire. Sa femme KANZA était enceinte dans le septième mois. Deux mois plus tard , elle a eu un enfant qui prit le nom de son père IDRIS. RACHED a succédé IDRIS et adopta IDRIS II pendant dix ans. A cet age, RACHED lui attribua la souveraineté par allégeance en 186 de l’hégire. IBRAHIM fils d’ EL-AGHLEB gouverneur d’un état de la succession ABBASSIDE en Afrique a pris la nouvelle récente et ainsi il tua RACHED . ABOU KHALED fils de YAZID fut chargé de l’éducation de IDRIS II jusqu’à ce qu’il devint majeur où on lui rénova l’allégeance.
En 808, après avoir multiplier son armée, IDRIS II a fondé Fès et élargi sa majorité dans toute la région.
En 935, MOUSSA fils d’ ABI EL-AFIA a envahi Fès en exterminant les ADARISSAS. A cet époque, un ménage descendant des ADARISSAS prit la fuite vers l’Est et s’est installé à Djebel Rached situé prés de la chaîne montagneuse d’El-amour . Cette famille a propagé les principes fondamentaux de l’islam au milieu de la population locale.
Vers la fin du 13ème siècle, un homme de bonne foi apparut dans la même famille des ADARISSAS nommé MOHAMED fils d’ ABI EL-ATTAA . Cet homme engendra trois enfants.
- le premier : AISSA qui s’est rendu à Oujda entre 1339 et 1348
• le second : ALI qui s’est rendu à Ain Admira prés de Rachidia
- le troisième : ZAID ( NEHAR) , l’ancêtre de la tribu de OULED NEHAR , resta dans sa localité et engendra six enfants : ABDELLAH , AHMED, MOHAMED, YAKOUB, YOUCEF et ABDERRAHMANE et qui ont pris ce nom « OULED NEHAR » qui signifie « les fils du jour » . Leurs descendants se sont dispersés en Algérie et dans le monde arabe, au Maroc, au moyen orient et à Sakia el-hamraa ( sahara occidental) .
L’essentiel de ce mémoire d’ OULED NEHAR est les descendants des frères SIDI-YAHIA , SIDI-AHMED et SIDI-MOUSSA . A ce propos le capitaine Noël a dit : « la situation générale dans cette région avant l’arrivée de SIDI-YAHIA vécue une prétention illégitime dont la force joue le rôle de la loi et la Justice ».
A partir de la fin du 16ème siècle, la tribu d’ OULED NEHAR commençait à se développer et à s’élargir. La genèse du mot « OULED NEHAR » revient à une péripétie vécue par MOHAMED fils d’ABI EL-ATTAA et qui a été racontée par quatre écrivains.
L’événement, c’est que WASSIL fils de ZOUMARRI l’un des bandits de la steppe et de la tribu de SOUWAID profita de l’absence de MOHAMED fils d’ABI EL-ATTAA qui était à la mècque pour le pèlerinage et attaqua son campement en dérobant tous ses biens. A son retour, MOHAMED fils d’ABI EL-ATTAA a appris la nouvelle par les bergers et suit les traces de WASSIL jusqu’à ce qu’il le regagna à Oued El-louz . La bataille a été acharné et la victoire revint à MOHAMED fils d’ABI EL-ATTAA et depuis ce jour, Oued El-louz est renommé Oued NEHAR/ WASSIL. Dans le même jour de cette bataille, MOHAMED fils d’ABI EL-ATTAA engendra ZAID et lui donna un surnom « NEHAR » à l’occasion de sa victoire contre WASSIL. A ce propos Jaques Berque dit : « WASSIL fils de ZOUMARRI est un leader nomade de la tribu de SOUWAID, connu au 14ème siècle grâce à BNOU KHALDOUN. Il se déplaçait du nord de Dahra jusqu’au sud du sahara et occupait toutes ces localités de l’Algérie. Il conduisait une troupe de mille cavaliers ».
Les descendants de NEHAR sont reconnus depuis ce jour par OULED NEHAR qui signifie « les fils du jour ».
Le XVème siècle vit le Maghreb musulman entrer progressivement dans une nouvelle ère historique ; les trois Etats monarchiques traditionnels, Hafside, Mérinide et enfin Zianide, connurent à des degrés différents de graves crises : l'époque médiévale s'achevait dans une atmosphère de perturbations économique, sociale, politique et culturelle.
Cette situation allait plus tard se compliquer davantage: certains rois européens, «sous la férule de la toute puissante Eglise romaine ambitionnèrent de reprendre à leur compte de nouvelles croisades sur les terres africaines». Ce fut pour l'Empire Ottoman l'occasion d'affirmer ses devoirs historiques envers les pays de l'Occident musulman menacés. Néanmoins face aux agitations de toutes sortes résultant de la voracité des uns et des carences du Makhzèn turque, la société maghrébine finissait de mettre en place une organisation, reposant sur le mysticisme religieux, susceptible de lui redonner de nouvelles vigueurs. Dés lors le Tasawwuf prenait, au fur et à mesure de son extension, une orientation adaptée aux circonstances rencontrées.
Dans un premier temps, des confréries inspirées par des initiés, quittèrent les cités urbaines pour occuper d'abord les zones rurales, puis finirent de s'étendre à travers les grands espaces du sud du pays. Bientôt dans chaque contrée allait apparaître une zaouia avec ses écoles coraniques où des talebs soufis dispensaient, aux adultes comme aux plus jeunes, les sciences religieuses ou profanes.
Cette époque marqua ce que certains n'hésitèrent pas d'appeler «la révolution mystique» qui débordera-nous le verrons plus tard, jusqu'au littoral. A priori, des hagiographes s'étaient inspirés des légendes qu'entretenaient «les grandes tentes» afin de «nous restituer la geste historique de l'une des tribus au passé prestigieux en l'occurrence les ouled N'har!»
Rien ne nous interdit de croire que leurs ancêtres, les Bekriya, (*) remonteraient aux premiers siècles de l'Islam.
(*) Branche appelée également Seddikiya issue d'Abou Bekr le Calife du Prophète.
On dit qu'ils furent chassés de la Mecque à la suite de quelques différents d'importance, d'ordre familial ou religieux. Ils errèrent çà et là, sans buts précis, jusqu'au jour où l'un d'eux, un ami de Dieu, homme de sagesse au savoir immense, décida de se mettre à leur tête. Après une longue marche il les mèna d'abord en Ifriquiya (la Tunisie actuelle) ; ils y demeurèrent jusqu'à la fin du XIV ème siècle.
A cette époque ils quittèrent les terres Hafsides sous la conduite de leur chef spirituel Sidi Maâmar ben Alia (*) qui les installera en plein coeur du royaume Zianide sur le territoire originel des Beni Amer. (Ces derniers furent semble-t-il peu à peu refoulés jusqu'au littoral).
(*) - On rencontrera des Ben Alia au Maghreb el Aqça, plus précisément à Fes où quelques uns finirent de se distinguer. A Tlemcen, de nos jour, le tombeau du saint sidi Maâmmar Ben Alia, fort ancien du reste, constitue un lieu de recueillement pour de nombreux visiteurs. Pas loin de Djelfa, le fameux Djebel Mechentel fut le théâtre des aventures héroïques de Sidi Mohammed ben Alia, allié par sa mère aux mythiques Sahari dont les légendes animaient les veillées des Ouled Naïl !(*)
(*) - A en croire certains les Sahari seraient issus des magiciens de pharaon ayant fui devant les menaces de leur sanguinaire maître pour avoir suivis Moïse Prophète du Dieu Unique.
Parmi les descendants illustres de Sidi Maâmmar ben Alia il y eut Sidi Bousmaha ben Haya ben bou Laâla. C'était un «tûrûqui» aux allures nobles, un seigneur des ksours et des parcours sahariens reliant d'un bout à l'autre les confins de l'horizon.. De son arrière grand-père Sidi Maâmmar, il avait hérité une insatiable soif de culture et de recherche du savoir.
Un jour à la suite d'une retraite qui dura, assurait-on, pas moins de quarante nuits consacrées aux dikr et aux pratiques de dévotions, il prit une grande décision : réunissant sa nombreuse famille, ses gens, ses biens ainsi que ses troupeaux, il finit ensuite de suivre les pas de son maître Abou el-Hassan Chadely. La longue caravane qu'il commandait s'engagea sur le chemin de l'Orient pour «la siyaha rituelle des pèlerins soufis». Il s'arrêta, affirme-t-on, «dans les environs de la célèbre ville du Delta, Alexandrie berceau de la Tariqa Chadeliya». Ce fut-là qu'il mourut, laissant une descendance aussi forte que vigoureuse.
A vrai dire, l'histoire retient que lorsque Sidi Bousmaha quitta ses terres et sa patrie il y laissa le plus cher parmi ses enfants, son fils Sidi Sliman !
Celui-ci était vraisemblablement déjà marié et, de surcroît, père d'un garçon Mohammed. Elevé dans la Voie, il était nourri aux valeurs du Tasawwuf, plus précisément dans la Tariqa que suivait son noble père !
Homme de lettres réputé, Sidi Sliman fut connu pour avoir donné la pleine mesure de ses qualités de pédagogue, notamment à travers son œuvre majeure: «Cherhoun ‘alâ Moukhtaçar es-Soghra», un commentaire célèbre sur «Le petit article de foi» de l'illustre Imam Chaykh Mohammed Ben Youcef Sanouci (Abrégé par Sidi Sliman en faveur des femmes et des gens du peuple, El Bostan, p.347). Poète, il composa également des Dikr et des qaçida en l'honneur de l'Envoyé de Dieu.
De plus, veillant à perpétuer les pratiques traditionnelles de la Chadeliya, il présida les célèbres Medjlisse Dikr et Medjelisse es-Salat au sein de sa communauté.
Son second fils Sid Ahmed el-Mejdoub Bou Amar allait laisser un très grand renom de sainteté. Tandis que son troisième enfant, fut une fille devenue célèbre parmi les saintes femmes de nos contrées sous le nom de Lalla Sfiya (*) (Nous y reviendrons plus loin !)
(*) - En réalité elle se nommait Safia, comme l'une des filles du grand roi Almohade Abdelmoumène Benali, cependant tout le monde l'appelait Sfiya !
On sait que Sidi Sliman avait consacré sa vie à donner aux siens le meilleur de lui-même en offrant à chacun une éducation exemplaire. Cependant, de sa progéniture ce fut Abdelkader ben Mohammed, sans doute le plus savant de ses petits enfants, qui allait semer sur une vaste partie de l'immense Sahara, l'amour d'Allah et les valeurs irremplaçables de l'Islam.(*)
(*) - Mohammed ben Sliman eut deux garçons; «l'aîné, Brahim, un personnage sans prétention semble-t-il serait enterré à El Abiod et ses descendants résideraient à Béni Ounif ou aux environs de Bou Semghoun. Son second fils Abdelkader devenu célèbre sous le nom de sidi Cheikh naquit en 1544 de J.C. »
Bien que vivant à une «époque et dans une région où le fusil faisait loi, sidi Cheikh ne s'occupa que d'exercices de dévotions»; par la seule autorité de son nom et de son caractère, il devint l'arbitre du Sahara et, à la satisfaction de tous, il réglait selon les principes de l'équité et de la justice toutes les contestations et les différents qui surgissaient entre les nomades. Les faibles et les opprimés venaient en foule vers lui. Par ses vertus et sa piété «sidi Abdelkader ajouta encore au prestige de sa naissance; en outre il s'était toujours acquitté d'une façon édifiante des devoirs que lui imposait son titre de moqaddem des Chedeliya.- lequel lui fut attribué par l'éminent savant cheikh Mohammed ben Abderrhmane Soheili, disciple de Sid Ahmed Ben youcef el-Meliani (*)
(*) - Cheikh Md ben Abderrahmane el-kéfif Soheili avait eut parmi ses élèves le célèbre instituteur Ahmed ben Mohammed Cherif (mort en 1577) père d'Ibn Meriem l'auteur du Boustan..
«- D'après la tradition, Sidi Md Ben Abderrahmane Soheili était un aveugle originaire de Yambo (sur la mer Rouge). Après avoir reçu en Orient son affiliation à l'ordre des Chadelya, il finit de venir compléter ses études au Maghreb - Il s'était d'abord attaché à cheikh Mohammed Ben Abdeldjebbar (*)
(*) - Sidi el-Djebbar, dans la mémoire populaire des habitants de derb Sensla, naquit à Figuig et mourut à Tlemecn en 1543, Cet homme vertueux et ami de Dieu, fut également un grand poète mystique qui influença sidi Sliman Ben Bousmaha. Il compta également parmi ses disciples Ahmed ben Hadj Nemich el-Amiry et Ahmed Ghomary Tilimçani. D'une générosité proverbiale, on lui doit une Zaouia, une mosquée ainsi qu'une maison, le tout construit à Haddouche dans le Tessala, destiné aux fakih novices dans la voie soufie.
On dit qu'il fit des progrès si importants dans le Tasawwuf qu'il finit d'occuper un haut rang dans sa hiérarchie.
Sidi benAbderrahman el-kefif Soheli acheva ensuite son instruction sous la direction de cheikh Bouabdallah Chami dont il suivit les leçons dans son école à Tlemecn. Il quitta ensuite ces maîtres pour choisir de vivre dans la solitude et la retraite au djebel Sehoul du Tafilalet ; là, des bienfaiteurs l'aidèrent à bâtir un oratoire où il s'adonna à la vie contemplative, sans chercher à faire de disciples ; toutefois sa réputation était devenue déjà grande ; bien vite le nombre de ceux qui vinrent lui demander de les instruire augmenta dans de telles proportions qu'il fallut construire une imposante zaouïa ; même une ville s'éleva autour de la demeure de sidi Mohammed Ben Abderrahman lequel, dès lors, prit le nom de Soheli puis de Moulay Sehoul ; il porta finalement le titre de cheikh el-Mechayekh !
Sidi Sliman s'était toujours conformé à respecter une vieille tradition familiale consistant à associer ses enfants - et plus tard, ses petits enfants - aux rencontres qu'il réservait aux visiteurs éminents qui possédaient un savoir vaste et un raisonnement clair; au cours de ces séances Sfiya se tenait derrière ses frères, attentive jusqu'à donner l'impression de boire littéralement les paroles des cheikh qui intervenaient dans les discussions.
Parmi les savants auxquels le vieux seigneur sidi Sliman accordait autant de déférence que de considération, il y avait le moqaddem des «sehoulya», un savant d'une grande urbanité, versé dans toutes les sciences et que les enfants adoraient. Du reste, pour honorer la mémoire de sidi Bousmaha, son fils n'avait-il pas consacré un waqf, à la zaouia du Tafilalet, composé d'un important troupeau d'ovins et de caprins : pour autant que l'on sache, on ne vit jamais troupeau plus florissant que celui-là!
Disons-le tout net: Lalla Sfiya, devenue adolescente était de l'avis de tous ceux qui l'avait approchés une jeune fille d'une grande beauté. Son père l'aimait par dessus tout. Il veilla à lui donner une éducation digne de son rang. Douée d'une intelligence exceptionnelle, elle acquit très tôt, l'apprentissage du Saint Coran selon la tradition en usage dan les grandes familles.
En outre, elle bénéficiait d'un haut degré de savoir dans les sciences religieuses et profanes. Généreuse jusqu'à remplir son âme des peines et de soucis des uns et des autres pas un jour qu'elle n'offrait à ceux que la nature avait défavorisés un peu de réconfort en même temps elle leur apportait une part de sagesse afin d'illuminer le chemin des femmes et des hommes les plus tristes. Du reste, il n'était rien qu'elle ne sut faire pour partager avec les autres son immense amour d'Allah et de Son Prophète !
«- Qu'il y ait de par le monde, disait-elle, tant de pauvres créatures qui sollicitaient le secours de Dieu, cela offrait aux êtres généreux mille occasions d'entrer dans les Faveurs Divines !»
En cette aube du XVI ème siècle la notoriété de «la Princesse des ksours» s'étendait sur le nord Sahara pour finir de gagner les villes et les campagnes du Tell. A chaque fête ou cérémonie quelconque c'était Sfiya qu'on invitait la première; sa présence répandait sur ces assemblées féminines comme une atmosphère bienfaisante, de sérénité et de paix mêlées; chacune «l'aimant comme la prunelle de ses yeux» se disputait l'honneur de compter parmi ses proches ! et elle, le coeur léger et l'âme pure, savait qu'on l'appréciait pour les vertus que Dieu attribue à celles et ceux qu'Il choisit !
Tout le monde s'accordait à dire que Sfiya « était à proprement parler une merveille de la création, symbolisant, renchérissaient certains, la perfection de l'idéal féminin, tant sa grâce exquise dépassait tout ce qu'on n'aurait jamais espérer rêver. Ajoutons à ces qualités la finesse de son jugement et l'immensité de ses connaissances. A l'évidence, Allah le Tout Puissant l'avait guidé dans son infinie mansuétude sur les chemins de la sainteté depuis qu'Il l'appela à suivre la Voie de la Certitude !»
«- Or voila qu'un jour un homme se présenta devant sidi Sliman. C'tait un maître d'école réputé pour sa droiture, son honnêteté et sa piété. D'une amabilité toute naturelle et de belle prestance, il s'appelait Abderrahman Ben Moussa. Dans le respect des traditions ancestrales il sollicitait la bénédiction du noble père pour obtenir la main de sa fille es-Siyida Lalla Sfiya. Après un moment de réflexion, le vieux seigneur, remercia d'abord Dieu avant de répondre en termes mesurés au Khatib:
«- Je ne donnerai la main de ma fille pour épouse à quelqu'un que lorsque celui-ci me fournirait la confirmation attestée et reconnue de l'excellence de ses origines !»
Le jeune homme acquiesça poliment. Se pliant aux conditions formulées conformément aux usages, dans cette démarche hautement respectable qu'il venait d'entreprendre, «le futur taleb» s'appliqua à réunir toutes les preuves ainsi que les témoignages dignes de foi affirmant «l'honorabilité de son nom, de ses ascendants, ainsi que l'élévation de ses mérites personnels !»
Aussitôt, sidi Sliman ben Bousmaha jugea pleinement satisfaisantes les preuves ainsi que les attestations des témoins qui lui furent présentés. Dès lors, devant la djemaâ assemblée pour la circonstance, il accepta solennellement, suivant la formule consacrée, de donner la main de sa fille unique Lalla Sfiya pour épouse au cheikh Abderrhmane Ben Moussa.
«Sfiya et Abderrahmne formèrent un si beau couple, chantèrent les goual dans leur langage harmonieux et inspiré, que leur bonheur rayonna, par la volonté d'Allah, sur la nature et les êtres. Ils habitèrent au fameux château des Bousmaha à Sfissifa. (*).»
Sur une pierre patiemment travaillée un artiste génial avait sculpté une scène émouvante: la lutte héroïque d'un éléphant protégeant son petit contre l'attaque d'un gigantesque lion affamé ! Par son réalisme et son inimitable beauté ce tableau des premiers âges de l'humanité est considéré comme un chef d'œuvre rare de l'art rupestre algérien et universel.
Vivant dans le respect des traditions liant les grandes familles Cheikh Abderrahman ben Moussa et Lalla Sfiya eurent trois garçons: l'aîné Yahyia, le second Sid Ahmed et enfin Moussa auquel fut donné le prénom de son grand père paternel.
Assurément, nul n'osera nier que Dieu, Maître des mondes, règle, dispose et ordonne ce que nous appelons «la destinée» ; ainsi, les évènements qui nous paraissent, à première vue fortuits, constituent lorsqu'ils se conjuguent le sort - ou la fatalité de notre vie. Le musulman est celui qui «croit que la loi divine, équitable, suprême et immuable, détermine d'avance la suite et l'enchaînement de tous les évènements importants de l'existence humaine» !
Le malheur qui vint brutalement frapper Lalla Sfiya et ses enfants s'inscrivait dans cet ordre d'idées! Son époux avait l'habitude de rendre visite à ses parents à la fin de chaque automne. Or, cette année-là, il tomba malade au cours de son voyage. A peine fut-il parvenu au campement d'hiver des siens qu'il rendit l'âme au milieu de ses proches; la quarantaine à peine entamée, il finit de laisser une veuve désemparée et des orphelins inconsolables !
«- Lalla Sfiya nourrit aux valeurs de la chadelya trouva refuge en Dieu, elle se consacra aux prières et aux dévotions. Son père ainsi que ses proches parents la couvrirent de leur affection... Son mari, elle l'avait toujours aimé, et elle continuait de l'aimer encore même après sa mort, affirmaient ses amies, lesquelles lui témoignèrent leur profond attachement dans les moments de détresse qu'elle traversait !»
A l'évidence elle parvenait à puiser sa force d'âme dans les cinq principes qui guident les initiés aspirant à la Voie: Sabr, Tawwakûl, al-Yaqin, al-Azima et al-Sidq. Dans sa quête ininterrompue de bénédictions divines elle s'employait à faire preuve d'une rare énergie spirituelle. S'inspirant des principes de Cheikh Chadely, elle récitait souvent les paroles du maître:
«- Ô^Dieu tire pour nous les trésors de ta clémence et soutiens-nous généreusement par leur moyen, en nous conservant sains et saufs dans notre foi, dans ce monde et dans l'autre, car tu peux toute chose, ( Hizb el-Bahr, l'Oraison de la mer !)
De surcroît, «à ses enfants, comme du reste à son entourage, elle saisissait la moindre opportunité pour leur rappeler que son professeur, le cheikh Mohammed ben Abderrahman el-kefif Seholi lui faisait apprendre les préceptes contenus dans les paroles du père fondateur de la tariqa»:
«- Celui qui désire la gloire dans ce monde et dans l'autre, doit entrer dans une voie. Il rejette alors de son coeur tout ce qui n'est pas Dieu, ne cherche que Dieu, n'aime que Dieu, ne craint que Dieu et n'agit qu'en vue de Dieu ! »
Après la mort de leur père ce fut sidi Sliman qui se chargea de l'éducation de ses petits enfants, aidé dans sa tâche par les frères de Lalla Sfiya, sidi Mohammed et sid Ahmed el Mejdoub, «de sorte que les trois orphelins allaient vivre dans une atmosphère où baignaient le savoir et la science car leur grand père et leur mère, tout comme leurs deux oncles maternels avaient édifié leur notoriété sur leur haut degré de connaissance.. Ces derniers traitèrent leurs neveux avec les mêmes égards qu'ils accordaient à leurs propres fils.(*)
(*) - Dans le ksar familial les enfants de feu Abderrahman ben Moussa étaient appelés «Ouled Sfiya » par respect et considération pour leur mère !
Les ben Sfiya (Yahia, Ahmed et Moussa) finirent d'acquérir les «fondements de la Voie soufie; partageant avec leurs cousins chaque moment de leur existence, rien ne pouvait les distinguer les uns des autres. Les hagiographes mettent l'accent sur le destin hautement singulier de la descendance du patriarche Sidi Sliman ben Bousmaha, regardé comme une vraie bénédiction, favorisé par Dieu ; en effet, parmi ses enfants ainsi que ses petits enfants, il y eut de nombreux amis d'Allah, certains reposaient de leur sommeil éternel dans la paix des sanctuaires ou des qoubba, d'autres dans des zaouia à travers la vaste terre du Créateur Suprême !
En dépit de son âge avancé, sidi Sliman avait gardé l'habitude de parcourir ce pays de son enfance, situé entre Figuig et Beni Ounif, qu'il affectionnait tant. Sous prétexte de visiter ses troupeaux, ses pasteurs et leurs familles: «J'aimais, en réalité, retrouver la profondeur des grands espaces, là où mes dévotions, mes dikr et mes prières, disait-il, m'élevaient jusqu'à ce que mes battements de coeur et mon souffle, ma raison et ma certitude me fassent sentir, à chaque instant, de plus en plus proche d'Allah ! » Ainsi lorsque sidi Sliman ben Boumaha rejoignit sa dernière demeure, il fut enterré dans la zaouia de Beni Ounif ; son tombeau, une magnifique qoubba, se trouve à el-Arba Tahtani. De nombreux pèlerins y viennent pour de pieuses visites ! Son fils aîné, Mohammed s'était fixé à Chellala Dahrania où est son tombeau autour duquel habitent de nos jours encore plusieurs de ses descendants.
Son second enfant, Sidi Ahmed el-Mejdoub mourut à Asla où on lui édifia une belle qoubba ; cependant son tombeau est prés de celui de son frère à Chellala Dahrania également ; bien évidemment, il est l'ancêtre do Ouled Sid Ahmed El-Mejdoub !
Lorsque, d'une façon méthodique, nous suivons, l'un après l'autre, les évènements importants de la vie de nos grandes tribus nous rejoignons les historiens qui jugent l'aube du XVII ème siècle comme un moment essentiel dans la progression du mysticisme issu de la^philosophie d'Abou el-Hassan Chadely ! On considère généralement l'année 1615, date de la mort de Sidi Abdelkader ben Sliman ben Bousmaha es-Seddiki; cousin maternel des Ben Sfiya, et fondateur de la Zaouia des Ouled Sdi Cheilh comme marquant la création de la Tariqa el Bouchilhiya !
A l'instar de son grand père, Sidi Cheilh fut lui aussi un fameux poète, auteur de nombreuses qaçida nabaouia notamment la célèbre « El Yaqouta » écrite en l'honneur du Prophète Mohammed. Il mourut âg é de 84 ans lunaires laissant 18 enfants !
A partir de la seconde moitié du XVII ème siècle la réputation des Ouled Sidi Cheikh allait grandir jusqu'à finir de s'étendre sur tout le territoire du Sud Ouest Oranais pour couvrir une aire géographique considérable englobant pratiquement tout le nord de cette partie du Sahara, d'El Bayadh à Beni Methar ainsi que l'Est Marocain. Du reste les chroniqueurs locaux affirmaient que la zone d'influence de la confrérie des Ouled Sidi Cheikh-Ouled N'Har déborda jusqu'à Cherchel, Aïn Defla ; des fractions de cette grande tribu allèrent même occuper une bonne partie des environs de Blida !
Lalla Sfiya ne tarda pas de rejoindre à son tour sa dernière demeure terrestre ; elle rendit l'âme dans sa maison de ksar Sfissifa où la noble dame fut enterrée.(*)
(*) - Cependant lorsque les Ahl Tiout apprirent la nouvelle de la mort de leur ancêtre et surtout son enterrement dans le château de sa famille, ils en conçurent une violente jalousie ! Comme ils avaient la réputation de n'en faire qu'à leur tête, ils profitèrent de l'obscurité d'une nuit sans lune pour arriver subrepticement au ksar, se saisirent de la dépouille de la sainte femme pour finir de l'emporter chez eux et la mettre en terre à Tiout !
A leur tour les habitants de Sfissifa, découvrant, abasourdis, le manège de leurs « cousins », organisèrent dans le plus grand secret, une expédition similaire à Tiout ! Finalement ce fut les habitants de Tiout qui eurent le dernier mot en récupérant en dernier lieu la dépouille de celle qu'on considère comme l'aïeule des Ouled N'Har ! On lui édifia ensuite une belle qoub ba qui reste un vénérable lieu de pèlerinage pour tous ses descendants.
Nous avons pris la liberté de raconter ces péripéties assez singulières relatives à la dépouille mortelle de Lalla Sfiya. Notre intention consiste à rappeler une croyance profondément ancrée dans la mémoire populaire. La présence d'un dharih, dans une région donne aux lieux une sorte de vie chargée de baraka et de karama, tant il est vrai, pense-t-on, que la terre où ont vécu les saints et où ils reposent de leur sommeil éternel, exerce sur l'ensemble des croyants une prodigieuse faculté d'attrait ! Après la disparition de Lalla Sfiya, ce fut à son fils sidi Yahya qu'échut la lourde charge de chef de famille ; sa première responsabilité consistait à procéder au partage entre ses frères et lui-même de l'héritage laissé par la sainte dame ! Il décida alors de répartir les biens qui revenaient à chacun en veillant à accorder à ses deux frères les meilleurs parts ne gardant pour lui que ce qui lui semblait le moins intéressant !
Lorsque ses frères découvrirent que leur aîné leur avait donné la préférence sur lui-même, ils le remercièrent tant et plus tout en priant Dieu de couvrir Sidi Yahia de sa protection et de lui accorder une nombreuse descendance. ! Allah accepta assurait-on d'exaucer leurs prières dès lors qu'il combla Sidi Yahya Ben Sfiya de 12 enfants plus vigoureux les uns les autres !
Sid Ahmed Ben Abderrahmane Ben Sfiaya mourut le premier ; il fut enterré à Aïn Beni Mathar à l'est du Maghreb el-Aqça. Son tombeau couvert d'une qoubba est célèbre et sans cesse visité. Le second frère de sidi Yahya, Sidi Moussa ben Abderrahman est enterré à Tiout aux côtés de sa mère.
Parmi les 12 enfants de Sidi Yahia ben Sfiya- lesquels eurent chacun une postérité remarquable- ce furent, affirme-t-on, Ouled sidi Djilali qui demeurèrent les plus nombreux et protégés par la bénédiction de leur grand père. Rappelons qu'il existe une fraction des Ouled sidi Djilali à el- Bayadh, et une autre à el Attaf, au centre du pays ! Sidi Yahya ben Sfiya mourut dit-on à la fin du X ème siècle Hidjri. Il fut enterré dans la montagne appelée Sidi Mohammed Sanouci à 14 milles de Sebdou. Une grande qoubba couvre son mausolée que les pèlerins viennent visiter. La population des Ouled N'Har organise chaque année, en automne la célèbre Ouada dédiée à la mémoire de leur noble ancêtre.
SidiYahya eut pour disciple cheikh Khelifa Cherif ben Sidi Md el-Achbour, lequel deviendra par la suite très proche de Sidi Abdelkader Ould Sidi Cheikh. (Enterré à el-Kheïter, il est l'ancêtre des Ouled sidi Khelifa de la région de Saïda.) En Outre parmi les amis de Sidi Yahya, il y avait son compagnon de toujours le faqih et célèbre savant Sidi Ahmed Cherif, l'ancêtre de la fraction des Chorfa des beni Hediyel. (Il est enterré dans une localité appelée Sadât au bord d'un affluent de la Tafna)
Lalla Sfiya, Sidi Sliman Ben Bousmaha ainsi que les disciples de Sidi Mohammed Ben Abderrahman Sehouli et de Sidi Ahmed Ben Youcef el-Meliani eurent une influence notable sur la formation de sidi Yahya ben Sfiya et son ascension dans la hiérarchie du Tasawwuf ; il avait également tiré un grand profit de l'oeuvre de Cheikh Abou Abbes Ahmed Ben Arous «Tûhfât sidi Mahdi el-Fassi ». Lequel fut l'un des maîtres éducateurs du grand Imam Ahmed Zerrouk el-Bernoussi (né à Fes en 1441- mort en 1494 en Libye).
(*) - Située au Sud de Naâma cette région est entrée dans la postérité grâce à la richesse des monuments préhistoriques qu'elle recèle. Par exemple en 1892, une fresque datant de plusieurs milliers d'années fut mise au jour.
SIDI-YAHIA fils de Abderrahmane dit " BEN-SEFIA " fils de Moussa fils de Brahim fils de Brahim fils de Mohamed fils de Zeid(NEHAR) fils de Mohamed fils de Abi-Elataà. Vers le début du 16ème siècle, son père Cheikh Abderrahmane fils de Moussa est venu chez le grand théologien ; le célèbre Sidi Slimane fils de Abi-Samaha Elboubakri Saddiki , l'aïeul unitaire des tribus Zouies qui s'implantaient dans les différentes régions en Algérie et au Maroc telle que la tribu d'Ouled sidi Ahmed Elmajdoub enterré à ASLA prés d'Ain Sefra (Naàma), Ouled Sidi Abdelkader BenMohamed nommé Sidi cheikh enterré à LABYADH. Il demeura longtemps chez Sidi Slimane Bnou Abi Samaha pour s'enrichir du savoir et de la science. Il était bien honoré et exalté pour sa bonne conduite ainsi il demanda la main de sa fille safia pour le mariage.Elle lui engendra trois enfants ; Yahia , Ahmed et Moussa. Leurs descendants forment la tribu d' OULED NEHAR . Sidi Yahia fils de Abderrahmane nommé Bensefia est né en l'an 1529 (935 de l'hégire). Il grandit dans un milieu religieux au sein de la zouia de son grand père cheikh Sidi Slimane Bnou Abi samaha où il a étudié la langue , la science Islamique et le mysticisme(le soufisme).Après il s'est rendu à la Zaouia de moula SEHOULE à Boudhnib à proximité de Rachidia (Maroc)pour poursuivre ses études. A son retour en Algérie, il s'est installé vers Benisnous (Tlemcen) où il a fondu sa zaouia qu'est devenue un centre lumineux d'étude islamique Sidi Yahia s'est marié avec quarte femmes : La première épouse : la fille de sidi Mohamed fils de Wadfel qui lui engendra trois enfants ; Mohamed , Abderrahmane et Abdelkader(zair) La deuxième épouse : sa cousine maternelle, fille de Sidi Mohamed fils de Slimane Bnou Abi Samaha . Elle lui engendra cinq enfants ; Djilali, M'hamed, Ahmed, Aboutayeb et Yahia . Les descendants de ces deux derniers sont implantés au Maroc. La troisième épouse : la fille de Sidi Aissa Elbouzidi qui lui engendra trois enfants, Chadli, Elhadj (Aboukoura) et Bentayba. La quatrième épouse : de Mezila de la tribu d'Ouled Weryiach qui lui engendra un enfant, Aboubakr. Sidi yahia BenSefia a consacré toute sa vie à éduquer et enseigner aux gens le coran, le dogme de l'islam et le scientisme jusqu'au jour de sa mort en l'an 1610 (1018 de l'hégire) où il a été enterré à Oued Boughadou à 15km de sebou(Tlemcen).